« Je vous le dis, il n’est pas concevable, pour l’avenir de la Nation, qu’à côté de l’édifice public de l’Éducation nationale, l’État participe à l’élaboration d’un autre édifice qui lui serait en quelque sorte concurrent et qui marquerait, pour faire face à une responsabilité fondamentale, la division absolue de l’enseignement en France…
… Serait cause de troubles et de luttes l’édification d’une université qui s’établirait dans son unité face à l’Université nationale. » Michel Debré auteur de la loi éponyme du 31 décembre 1959.
La division absolue de l’enseignement en France
Cette crainte « de la division absolue de l’enseignement en France » est bien vite devenue réalité.
Caroline Fourest écrivait dans un billet du Monde « Depuis la loi Debré la République joue contre son camp »[1]. Sans compter, que cette loi Debré pourrait porter les germes de guerres civiles ou de religions à venir. Les événements dramatiques de janvier 2015 à octobre 2019 ont renforcé, plus encore, l’idée que l’unité, l’harmonie et la paix dans notre société doit s’appuyer, en premier lieu sur les principes républicains consubstantiels avec ceux de l’école de la République autour de la laïcité.
L’absolution de certains laïques à la loi Debré pour oublier le « Serment de Vincennes » du 19 juin 1960 est bien pire que trahir nos aînés, c’est renoncer aux valeurs citoyennes issues de la Révolution française de 1789 et à l’idéal républicain de l’École laïque.
Voici ce Serment qui, suite à l’adoption de la loi Debré du 31 décembre 1959, a été prêté le 19 juin 1960 à l’assemblée qui s’est tenue à la porte de Versailles, par les 30 000 délégués des 10 813 697 pétitionnaires et qui a été repris, l’après-midi, par 400 000 militants rassemblés à Vincennes par les cinq organisations constitutives du CNAL[2] :
« Nous, délégués des pétitionnaires des communes de France, représentant 10 813 697 français et Françaises de toutes origines et toutes opinions ayant signé la pétition solennelle contre la loi scolaire de division du 31 décembre 1959, faisons le serment solennel :
- De manifester en toutes circonstances et en tous lieux notre irréductible opposition à cette loi contraire à l’évolution historique de la nation ;
- De lutter sans trêve et sans défaillance jusqu’à son abrogation ;
- Et d’obtenir que l’effort scolaire de la République soit uniquement réservé à l’école de la Nation, espoir de notre jeunesse.