La nécessité de la laïcité dans la République et son École
Intervention des DDEN au COLLECTIF LAÏCITE NATIONAL du 15 décembre 2018
Avec les membres des organisations du COLLECTIF LAÏQUE NATIONAL, je souhaite ici, au nom de la Fédération nationale des DDEN, évoquer la nécessité de la laïcité dans la République et dans son école publique.
La France est une République laïque, elle respecte toutes les convictions et croyances. La liberté de conscience, socle et synonyme de la laïcité, est une égale liberté publique pour tous, alors que les libertés de conviction ou religieuse qui en découlent sont la liberté de chacun.
L’enjeu républicain de l’école, c’est la République et réciproquement. L’éducation est ainsi le but et le moyen de la République, le but car elle permet à chacun de devenir citoyen, le moyen car seuls les citoyens font vivre la République.
La République réaffirme par son système éducatif laïque la double nécessité d’édifier peu à peu, et tout à la fois, de respecter la liberté de conscience des élèves qui lui sont confiés, d’éveiller leur sens critique et d’œuvrer à l’émancipation de toutes et de tous. Eduquer et instruire c’est former le jugement.
Il s’agit aussi de retisser le lien consubstantiel entre l’École publique et la République. Il structure la « Charte de la laïcité » du ministère de l’Éducation nationale qui doit être affichée dans les écoles, collèges et lycées publics.
L’École publique laïque assume la mission fondamentale d’instruire et d’éduquer les jeunes citoyens appelés à devenir maîtres de leur destin et capables d’autonomie de jugement pour leur émancipation. Elle a aussi la mission de promouvoir une conscience collective dans la République laïque dans le respect de ses autres principes fondateurs. Elle est en ce sens génératrice du vivre ensemble pour forger l’unité nationale.
Pour une raison fondamentale la laïcité est inséparable de l’idée même de République. L’électeur légitime la République, il doit être instruit et éduqué pour que son vote s’accomplisse en connaissance de cause et dans la liberté souveraine de sa conscience. L’Homme ne peut devenir Homme et se construire citoyen que par l’éducation. L’école joue, ainsi, un rôle essentiel dans la formation à la citoyenneté républicaine pour que la conscience citoyenne soit libre. Il convient donc que l’enseignement reçu, échappe à tout présupposé : qu’il soit laïqueElle est la clé de voûte de la République française. Montesquieu soulignait déjà : « C’est dans le gouvernement républicain qu’on a besoin de toute la puissance de l’éducation ». Toucher à la laïcité de l’école, toucher à la loi de séparation de 1905, c’est proposer un modèle institutionnel différent, communautaire, c’est porter atteinte au fondement même de l’idée républicaine. C’est remettre en cause la notion même de citoyen, pour lui substituer une autre conception de l’organisation de notre société. Conception qui ferait qu’elle serait non plus composée d’hommes décidant individuellement de fonder la République, mais de communautés d’individus, chacune ayant ses valeurs propres et coexistant dans un consensus institutionnel où les Églises organisent la sphère publique et se font financer leurs activités prosélytes et leurs écoles par la puissance publique.
On n’enseigne pas la liberté, et en premier lieu la liberté de conscience, quand l’enseignement repose sur un dogme prétendant détenir à lui seul la vérité absolue.
On n’enseigne pas l’égalité quand c’est l’argent qui fait la différence de l’accueil, au service des élites et des gens fortunés.
On n’enseigne pas la fraternité du vivre ensemble quand l’enseignement est fondé et organisé sur un entre soi communautaire.
La liberté est un bien indispensable pour l’émancipation de chacune et de chacun.
L’égalité est un droit pour éradiquer les inégalités économiques et sociales, en particulier.
La fraternité et son expression concrète, la solidarité, est un devoir, pour vivre ensemble non pas entre communautés, mais entre citoyens.
La laïcité, conjugaison et synthèse des trois principes constitutionnels, peut, seule, rassembler pour réaffirmer la République autour de la Liberté, l’Egalité et la Fraternité.
Eddy Khaldi, Président de la Fédération nationale des DDEN